Q : Bonjour Emmanuel, pouvez-vous nous dire quel est votre rôle au sein de la Filière 1 “Informatique des Systèmes Embarqués” ?
Bonjour,
Je suis responsable de filière, ce qui signifie que je fais tout mon possible non seulement pour accueillir comme il se doit les étudiants qui ont choisi cette voie, mais aussi et surtout pour leur garantir une formation de qualité, en phase avec les attentes du monde professionnel.
Q : Quel est l’objectif de cette formation, et quelles en sont les particularités ?
En filière 1, nous cherchons à former des ingénieurs capables d’appréhender la programmation et l’intégration de systèmes complexes pouvant être embarqués, intégrés, interactifs et communicants. Au niveau applicatif, un accent particulier a été mis dernièrement sur deux thèmes phares : les systèmes plus ou moins robotisés, et plus récemment la réalité virtuelle au sens large.
L’application robotique aborde les problèmes concrets de la programmation de systèmes embarqués et permet également un lien avec le monde de la recherche en particulier dans le domaine de la robotique mobile sur les notions de perception (traitement d’image, …) et de localisation (modélisation, …).
L’aspect réalité virtuelle de la formation apporte une ouverture pluri-disciplinaire, dans le domaine des hautes technologies qui confère un avantage indéniable à tout ingénieur qui cherche à intégrer sereinement le monde industriel moderne. Pour citer un « petit » site nommé wikipédia, le monde industriel a déjà basculé dans l’industrie 4.0 qui s’affirme notamment comme la convergence du monde virtuel et la conception numérique avec les produits du monde réel.
A ce jour, nous sommes toujours les seuls à former des ingénieurs avec ce type de profil multidisciplinaire : programmation / robotique et embarqué / virtuel.
Q : La filière continue d’évoluer pour rester en lien avec les besoins du monde professionnel. Depuis 2013, la filière propose de la Réalité Virtuelle. Sous quel angle cette compétence est-elle enseignée ?
Effectivement, c’est en 2013 que nous avons introduit en F1 les premiers enseignements de Réalité Virtuelle. L’angle que j’ai choisi pour délivrer cette compétence découle directement d’un contrat d’expertise que j’avais eu l’occasion de réaliser quelques années auparavant (ouh là, en 2002). Une entreprise, qui m’avait pourtant abordé sous l’angle « embarqué », me poussait à regarder du côté « réalité virtuelle ». En effet, son objectif était de concevoir un système, servant de preuve de concept, permettant d’allier du matériel (carte électronique embarquée avec capteurs de mouvement, accéléromètres, gyroscopes,…) avec du logiciel typé virtuel (moteur graphique de rendu) pour concevoir un simulateur réaliste de sport de glisse ; en clair, un précurseur de la Wii Fit.
C’est dans cet esprit que le couplage « Embarqué/Réalité virtuelle » est né. Nous retrouvons toujours cette notion dans le monde professionnel aujourd’hui : les entreprises veulent aussi des informaticiens qui ne font pas que de l’informatique.
Q : Quelles sont les autres nouveautés de la filière ?
Durant ces dernières années, nous avons réduit et parfois supprimé les enseignements trop « bas-niveau ». Les heures dégagées nous ont alors permis de mettre l’accent sur nos deux cibles : les systèmes interactifs plus ou moins robotisés et les systèmes interactifs virtuels.
Sur le premier thème, nous avons ainsi consolidé les enseignements de robotique (avec de la robotique mobile, les capteurs pour la robotique), mais aussi, nous avons introduit des nouveaux concepts tels que la sécurité des systèmes embarqués et les objets connectés, par exemple.
Mais c’est sur le second thème, le virtuel, que les changements ont été plus marqués. Les enseignements de « Réalité Virtuelle » et de « Réalité Augmentée », qui présentent le moteur de jeu Unity 3D et les techniques d’augmentation 3D en temps réel, se sont vus renforcés par l’apparition de nouvelles matières orientées « conception d’applications performantes 3D », pour ne pas dire « jeu »… C’est ainsi que des intervenants extérieurs viennent désormais enseigner la géométrie algorithmique, permettant de décrire et de manipuler efficacement des objets 3D, ou encore, enseigner la programmation sur cartes graphiques, la programmation GPGPU, et depuis peu, la « Réalité Immersive » permet de construire des applications pour casques immersifs (Oculus et HTC Vive).
Q : Avec ces changements, de nouvelles opportunités s’ouvrent aux ZZs. Quels sont les nouveaux secteurs professionnels dans lesquels nous pourrons retrouver des ZZ issues de la filière 1 ?
Les secteurs sont clairement ceux des nouvelles technologies.
Côté robotique, de très belles collaborations ont été récemment établies avec la F1. Je pense par exemple au « National Robotics Engineering Center (NREC) », unité du « Carnegie Mellon University’s Robotics Insitute, (Pittsburg – USA) qui offre l’opportunité de travailler sur les robots les plus performants au monde.
Côté virtuel, le nouveau secteur en devenir est celui du jeu virtuel (jeu sérieux, « serious game »). Cette tendance est déjà amorcée, car les industriels qui demandent du virtuel, le font presque toujours selon deux axes : la réalité augmentée pour la maintenance et la supervision, et les jeux sérieux pour former leur personnel.
Q : De nouvelles entreprises ont-elles manifesté un intérêt pour la filière ? Quelles sont les tendances du monde professionnel que vous voyez se dessiner ?
Tout naturellement, les entreprises qui nous ont contactés œuvrent dans les nouvelles technologies. Cela va des start-up (telles que SurgAR avec des outils de réalité augmentée en milieu médical), des petites entreprises (telles que Kalkin en cartographie virtuelle) jusqu’aux Entreprises de Services du Numériques (telle qu’Atos sur tous les secteurs de l’industrie du futur), et les grandes sociétés et grands groupes (telle qu’Adobe).
Au passage, si j’ai choisi de citer explicitement ces entreprises comme exemples, ce que pour chacune d’elles, nous avons réussi à débaucher un ingénieur qui vient donc donner quelques heures de cours à l’Isima, en F1 bien sûr !
Le monde professionnel est en pleine révolution technologique. C’est tout naturellement que les ESN se sont ainsi adaptées à la demande de leurs clients industriels. L’exemple le plus marquant est celui d’Atos qui a développé un laboratoire d’innovation sur son site clermontois et qui a parrainé la promo F1 2020. Pour développer son activité AR/VR, Atos s’appuie sur de nombreux ingénieurs F1 dont l’intervieweur 😉 !
Q : Et en interne à l’école, quels impacts ont eu ces changements ?
Au-delà des volumes d’heures associés à tous ces nouveaux enseignements, nous avons également mutualisé d’autres enseignements avec la F2 et la F5 (par exemple : programmation d’applications mobiles et transmission des données sécurisées).
Les plus forts impacts pour l’Isima sont toutefois d’ordre budgétaire ! Il a fallu, et il faut toujours, équiper nos salles de matériels de haute technologie (souvent très chers), et cela, autant dans les domaines des systèmes robotisés que dans le monde du virtuel.
En suivant les cours de la filière F1, les étudiants auront donc la chance de pouvoir manipuler du matériel haut de gamme, performant et moderne, qu’il est très difficile de posséder à titre personnel à la maison.
Q : Comment voyez-vous l’avenir de la filière et quels seront les principaux changements à venir dans les prochaines années ?
Dans les années à venir, nous consoliderons les évolutions déjà entreprises. Cela se traduira, je l’espère, par de nouveaux contrats de partenariat avec les acteurs socio-économiques, mais aussi avec des organismes délivrant des certifications.
Q : Le mot de la fin ?
« Press F1 to Play ! »